dimanche 17 novembre 2013

La pièce est vide et froide.
Grande et lumineuse mais sans vie.
La vie est au delà...
Sur le sol, au centre de l'espace nu se trouve une pelote de laine, toute serrée, toute emberlificotée.
Je m'en approche doucement, à petits pas comptés:
1,2,3,
C'est comme si le temps n'existait plus.
4,5,6,
Comme si ma vie toute entière se concentrait dans mes pieds.
7,8,9,
Une marche lente, un balancier, un mouvement.
10,11,12,
Un point d'équilibre entre le sol et le vide.
13,14,15,
J'avance.
16,17,18,
J'ai peur,
19,20,21,
J'ai froid.
22,23,24,
Tout ce silence m'assourdi.
25,26,27,
Me déchire les entrailles
28,29,30,
Je me sens seule
31,32,33,
Comme jamais.
34,35,36,
Mes pieds se rejoignent enfin..côtes à côtes, immobiles.
37,38,39,
Je suis au bord du vide.
Je m'incline, saisi la pelote et m’assoie sur le plancher de bois vernis,  puis je fais glisser, rouler la petite boule d'une main à l'autre, du creux de ma paume vers le bout de mes doigts, du bout de mes doigts vers le creux de ma paume, créant un mouvement neuf et intemporel, hypnotique et infini pour emprisonner le temps.
J'ai la tête vide
Le cœur vide
Le corps déserté ;
La laine roule et roule encore et encore. Elle et un monde à elle toute seule.
De quoi sont  faites nos vies ?
De bruits?
De silences ?
De souvenirs ?
Et de pelotes de laine...
J'aimerai être capable d'en saisir une extrémité, de m'y agripper comme un appât à son hameçon, me laisser doucement glisser vers les profondeurs...
Je ferme les yeux...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire